SANTA MARIA MANUELA goélette à quatre mâts portugaise
Dunkerque / Rouen
02-05 juin 2013




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3 / 4 juin 2013 - Dunkerque / En mer

8 heures. Nous prenons le petit déjeuner dans le carré des stagiaires, où nous prendrons tous nos repas.

A 9 heures, nous sommes tous sur le pont afin d'assister au briefing sécurité. Surprise, ce n'est pas André , le second qui se charge de l'affaire, mais le commandant en personne, car, affirme-t-il, il se débrouille mieux en français qu'André. Il est exact que le Capitaine Antonio M. Correia de Sao Marcos parle fort bien notre langue. Il manie aussi l'humour avec plaisir, ce qui visiblement séduit l'auditoire. Il nous apprend ensuite qu'il nous considère comme des passagers et non comme des trainees et que nous n'aurons donc pas à travailler. Petite déception pour ceux et celles qui sont habitués à tirer sur les bouts et monter les quarts de nuit.

10h40. Le Belem quitte le quai pour se diriger vers l'écluse. Nous le suivons quelques minutes après, suivis du Morgenster. Le Belem quitte le sas en premier, suivi du Morgenster. A la barre, le Capitaine Harry Mutter nous gratifie d'un grand salut sonore !

Le Belem, qui restera au moteur, est déjà loin quand nous passons à la hauteur du Feu de Saint-Pol, au bout de la jetée. Le Morgenster quant à lui envoie très rapidement les trois voiles hautes sur les deux mâts. Il prend vite une route plus au sud que la nôtre pour rejoindre Boulogne. Nous l'apprendrons grâce l'AIS, ce système qui permet d'afficher le nom des navires, leurs caractéristiques et leur destination.

Malgré le soleil, il fait froid sur le pont de la Santa Maria Manuela. Les premières voiles sont envoyées vers midi. Et là grosse surprise, il n'y a que trois marins pour hisser les énormes voiles auriques. Et pour cause, la drisse est enroulée autour d'un cabestan électrique et n'y a plus qu'à reprendre derrière et à guider le pic !

Le déjeuner est en mode self-service. Premier service à 11h, second service à midi. Pour le soir, les horaires sont 18h et 19h. A nous de nous répartir au mieux.

La mer est calme, le vent n'est pas bien violent, suffisant toutefois pour naviguer à la voile, et cela fait les affaires des quelques personnes qui n'avaient jamais mis les pieds sur un voilier. Nous longeons la Côte d'Opale, qui à cet endroit n'a vraiment rien d'attrayant. Une usine recrache des fumées rougeâtres et blanches peu engageantes. Le pilote nous a quittés vers midi. Le Triomphant, un remorqueur de Dunkerque nous escorte quelques minutes, non pour une question de sécurité, mais pour admirer un voilier comme ils n'ont sans doute pas souvent l'occasion d'en voir dans la région.

Profitant de l'après-midi ensoleillé, le groupe de chants de marins se met à entonner quelques refrains bien connus.

Comme me le confiera plus tard André, le second, la plupart des matelots viennent de la pêche et ne sont pas vraiment des voileux, et ça se sent. Il faut quelques ordres venant des officiers pour que les manœuvres se fassent correctement. Ils sont encore dans une phase de rodage, on ne devient pas un matelot expérimenté dans le maniement des voiles sans une longue période d'apprentissage.

Il est quinze heures trente lorsqu'Artémis, qui a quitté Dunkerque peu après nous (ils ont pris le sas suivant) nous double par bâbord, sans doute pour rejoindre également Boulogne. En fin d'après-midi c'est le Wilde Swan que nous apercevons venant des côtes anglaises, croisant notre route à environ deux milles derrière nous. Navigant par vent arrière, les marins ont envoyé la fortune carrée, ce qui lui donne une allure de brick-goélette. Nous longeons les côtes anglaises près de Douvres où évoluent quelques paquebots et ferries. Nous avons aussi la surprise de passer près d'un bateau-feu. Le dernier bateau-feu français a été retiré du service, nous sommes donc bien dans les eaux britanniques ! Il s'agit du bateau-feu Varne, il signale un banc de sable.

Le coucher de soleil s'annonce magnifique, ses derniers rayons éclairent les voiles de la Santa Maria Manuela d'une superbe couleur rose.

Nous ne montons pas les quarts de nuit. Trois marins (dont deux officiers) restent sur le pont. Si une manœuvre simple doit être effectuée, les marins de quart feront l'affaire. Si c'est un peu plus compliqué, comme un virement de bord ou s'il faut amener une voile, les matelots seront réveillés.

Mardi 3 juin. Nous longeons toujours les côtes anglaises. Il y a peu de vent. Le commandant a préféré nous faire faire des ronds dans l'eau à la voile, plutôt que d'aller mouiller à Wight, ce qui l'aurait obligé à remettre le moteur en route, et c'eût été dommage. Nous quittons lentement les eaux britanniques en attendant que le vent forcisse quelque peu, ce qui sera le cas dans l'après-midi.

Profitant du calme engendré par le vent faible, quelques passagers demandent à monter dans la mâture. La goélette possédant un hunier, il est possible de monter jusqu'à la première vergue. Chaque fois que j'assiste au spectacle des stagiaires grimpant par les enfléchures, j'enrage de ne pouvoir en faire autant, bloqué par ce satané vertige qui m'empêche de monter à plus de huit mètres du sol !

Bien que nous n'ayons pas à travailler comme l'a rappelé le commandant, Myriam ne peut s'empêcher, comme à son habitude de se saisir d'un chiffon et d'un bidon de Mirror et de s'attaquer aux cuivres du voilier. Il est vrai qu'elle a la technique, et quelques minutes plus tard, la plaque et l'aiguille de gouvernail brillent comme au premier jour.

Dans le courant de l'après-midi, le vent de nord-est se renforce. La goélette accuse une gite qui nécessite de s'assurer dans les déplacements. Selon André, il est déjà arrivé que la lisse soit pratiquement au ras de l'eau. Mais une fois la gite acquise, elle reste stable et roule peu. De même, il semble qu'elle soit assez peu sensible au tangage, en raison de la forme très particulière de la carène, l'étrave descendant très en arrière.



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5 juin 2013 - Remontée de la Seine

Mercredi 5 juin. Nous avons récupéré le pilote du Havre à 4h30. J'ai raté le passage sous le Pont de Normandie, mais je l'avais déjà franchi en 2008 à bord du Morgenster.

Nous remontons l'estuaire de la Seine par un temps superbe. Comme prévu, les spectateurs sont déjà présents, agglutinés sur les quais ou dès lors que la rive est praticable. A certains endroits, l'alignement des camping-cars pourrait faire croire qu'on se trouve devant une exposition-vente ou une aire de passage pour les gens du voyage. Non, ce sont tout simplement les amateurs passionnés qui sont venus s'installer aux endroits les plus appropriés pour ne rien perdre du spectacle magique des Grands Voiliers remontant le fleuve. Sympa, le pacha a fait garder les voiles en place pour que la goélette soit admirée sous son plus bel aspect. A Caudebec et à Duclair quelques coups de corne de brume saluent la foule massée sur les quais, ravie de cette manifestation sonore toujours très appréciée. Les marins de la Santa Maria Manuela qui je pense, viennent à Rouen pour la première fois sont impressionnés par la concentration de spectateurs.

Nous admirons les rives de la Seine, ses manoirs perdus dans une végétation touffue. Les méandres font alterner falaises abruptes, coteaux verdoyants et villages normands.

L'arrivée aux abords de Rouen est moins bucolique. Le port de commerce reçoit de nombreux cargos du monde entier. Même si l'on sait que ce type de navire n'a pas pour objet d'être beau, certains de ceux qui stationnent en attente de chargement ressemblent davantage à des navires-poubelles tellement ils sont sales et rouillés. On est bien loin des magnifiques voiliers que le public va pouvoir admirer pendant dix jours à Rouen.

A 15h la Santa Maria Manuela est à quai, rive droite, à une centaine de mètres du pont Flaubert qui sera levé dans la soirée. Je retrouverai ma confortable bannette l'espace de quelques nuits car nous avons la chance de pouvoir dormir à bord pendant l'Armada qui promet d'être grandiose, une fois de plus.



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