ETOILE DE FRANCE goélette de St Malo
St Malo / Port-Blanc (Golfe du Morbihan)
02-05 mai 2013




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2 mai 2013 - St-Malo

Il est un peu plus de 17h30 lorsque je sors de la gare de Saint-Malo. Un léger crachin m' inquiète un peu. Il fait frisquet. Et si la météo s'était plantée ? Si le soleil qui doit en principe nous accompagner tout le long de ce convoyage allait nous poser un lapin ? Je marche rapidement en scrutant le ciel, essayant de deviner ici ou là un petit coin de ciel bleu.

Bob Escoffier m'avait annoncé :
- Etoile de France sera dans le bassin Duguay-Trouin, au cul d'Etoile du Roy.
Et de fait, lorsque je dépasse la grande halle, je découvre la mâture de la goélette et le vaisseau amiral d'Etoile Marine Croisière. Belle-Etoile, le langoustier de Camaret et Etoile Aventure sont intercalés entre les deux voiliers.

J'ai rendez-vous avec des membres des Amis des Grands Voiliers. Nous avons affrété le voilier et nous serons une petite vingtaine à effectuer le convoyage entre St Malo et le Golfe du Morbihan. Avant de nous diriger vers le restaurant, Sébastien, le capitaine, nous décrit brièvement le programme : nous prenons le sas de 23h30, en compagnie d'Etoile du Roy et de Belle-Etoile, et nous partons dans la foulée. Ceux qui pensaient, et j'en fais partie, que nous allions d'abord passer une nuit tranquille au mouillage et lever l'ancre le vendredi matin en sont pour leurs frais.

Le dîner à "La bouche en folie" fut un vrai régal, tant par le contenu des assiettes que par la bonne ambiance qui y régnait, créant dès le départ une harmonie dans ce groupe qui mêlait anciens et nouveaux, novices et marins aguerris. Intéressant brassage des populations que ne permettent que des associations comme les Amis des Grands Voiliers, ou feu le bon vieux service militaire !

Nous prenons comme prévu le sas vers 23h30. Nous sommes placés derrière Etoile du Roy et Belle Etoile. Quelques bateaux de pêche viennent compléter la fournée. Quelques minutes plus tard nous sommes en mer. Les quarts ont été déterminés. Ce sont des quarts de deux heures, c'est une première pour moi. L'avantage c'est qu'en deux heures on ne fatigue pas trop. Revers de la médaille, ça ne donne que quatre heures de repos, ce qui est peu, compte tenu du temps qu'il faut pour se dévêtir, puis s'endormir, et qu'il faudra encore déduire un bon quart d'heure pour se réveiller, s'habiller dans l'obscurité, se réhabituer à la vision nocturne.

Je suis de quart de deux à quatre, mais comme je sais que je ne vais pas réussir à me reposer, je reste sur le pont de minuit à deux. Il fait froid, et nous avons le vent dans le nez. Autant dire que les voiles qui ont été établies n'ont d'autre but que de stabiliser le voilier et l'empêcher de rouler. La nuit s'annonce plutôt belle, le ciel s'est dégagé et bientôt le crachin malouin n'est plus qu'un mauvais souvenir. Mais bon sang qu'il fait froid ! On gèle sur place. J'ai pourtant une veste de quart qui est confortable, un pull marin et un tee-shirt, mais ça ne suffit pas. Au bout d'une heure, je descends intercaler une veste entre mon pull et ma veste de quart. Ça va mieux.

Le chef de quart est Antoine, un jeune cancalais, comme Sébastien et Valentin. Il est depuis peu sur Etoile de France. Avec lui le courant passe tout de suite. Il y a avec nous Armand, Jacky, Diane, Alice, Hervé et Annick. Le quart se passe sans événement particulier. Nous passons le Cap Fréhel.

J'ai froid même dans mon sac de couchage. C'est pourtant un duvet plutôt chaud, mais il y a un courant d'air qui entre dans le carré. J'ai d'autant plus de mal à trouver le sommeil que nous naviguons au rythme du teuf-teuf du bicylindre qui semble remonter à l'époque des navires à vapeur.

A huit heures le petit déjeuner est prêt. Il flotte dans le carré une bonne odeur de café chaud, il y a du pain, des petits pains au lait et l'inévitable pot de Nutella.

Le quart de huit à dix se passe lui aussi sans souci. A huit heures et demie nous passons au large du phare des Héaux de Bréhat.

La deuxième nuit est un peu moins fraîche. J'ai pris la précaution d'enfiler mon pantalon de pluie par-dessus mon Glazic. Avec sa forme de salopette, il monte très haut, ajoute une épaisseur qui fait écran. Lorsque je commence mon quart à 2h nous venons de sortir du chenal du Four. On perçoit les lumières de Brest sur bâbord arrière. L'exercice pour beaucoup consiste à tenter de reconnaître les feux des différents phares qui jalonnent notre route : le Stiff, la Jument, la Vieille, Sein…

La navigation nocturne a quelque chose de magique. Hervé et moi devisons sur le pont en admirant la Voie Lactée sans la pollution lumineuse des villes. Par ces nuits calmes, sur une mer d'huile, la pensée se met à vagabonder, l'instant est propice à la réflexion. Qui suis-je, d'où viens-je, où vais-je… ? L'éternelle triple question que se pose l'homme dans ses grands moments de solitude.

En revanche l'obscurité nous prive du spectacle magnifique que la lumière du jour offre aux marins qui traversent l'Iroise et le Raz de Sein. Le quart se termine alors que nous entrons dans la Baie d'Audierne.

Lorsque je remonte sur le pont après 4h de repos, l'Atlantique ressemble à un immense étang. Pas de houle, pas une ride. L'océan est un véritable miroir. Pas un souffle de vent bien sûr, mais un soleil déjà bien présent et qui annonce une belle journée. Sur tribord, un patrouilleur de la Marine Nationale fait des allers-retours. Sans doute pour vérifier que nous restons en dehors de la zone qu'ils nous ont interdite quelques minutes auparavant en raison d'une séance d'essais de tirs. Nous apprendrons en arrivant à terre que nous avons failli assister en direct au tir raté du fameux missile qui a explosé après une minute de vol !

Nous avançons à une moyenne de 8 nœuds toujours au rythme du teuf-teuf. Depuis le début de la matinée, Sébastien tente d'obtenir un coffre à Belle-Ile pour passer une nuit au calme avant d'entrer dans le Golfe. Après plusieurs tentatives, il obtient satisfaction, et nous mouillerons devant Le Palais.

En approchant de Belle-Île, nous rencontrons la régate du "Tour de Belle-Ile", dans laquelle nous remarquerons la présence du tout nouveau trimaran Prince de Bretagne, d'Akena, de Sodebo, ainsi que de Team Jolokia, le monocoque de notre ami Eric Bellion. Nous commençons à apercevoir à l'horizon quelques voiles traditionnelles, la Recouvrance et son gréement si caractéristique, le long des côtes de Groix. Bessie Ellen, l'un des voiliers à avoir tenté l'expérience du transport de vin à la voile pour le compte de la CTMV s'approche d'Etoile de France, suivi de peu par Iris. Ces deux voiliers vont d'ailleurs mouiller comme nous devant Le Palais.

Nous avons assez de temps pour débarquer sur l'île. Quelques uns en profiteront pour se balader sur le port et découvrir la Citadelle de Vauban, d'autres préféreront le plaisir d'une bière bien fraîche à la terrasse d'un café du port.

Nous regagnons le bord vers 20h. Le repas se passe dans une ambiance d'autant plus chaleureuse que Sébastien a décidé d'allumer le poêle à bois. C'est très agréable et il en profite pour faire griller quelques tranches de pain. Daniel et Armand sont dans une forme éblouissante. Toute la tablée est pliée en deux, j'en ris aux larmes malgré un mal de tête provoqué sans doute par une exposition au soleil un peu trop prononcée au moment de la sieste… C'est l'ambiance rêvée entre copains.

Donc, ce soir, pas de moteur pour perturber notre sommeil. Mais comme le remarquera fort justement Alice, il n'y aura plus ce bruit régulier pour couvrir celui de nos ronflements !

Dimanche matin. Quelques courageux sont allés à terre et ont ramené du pain frais, des croissants et des pains au chocolat. Un délice ! Chacun prend son temps pour déjeuner car nous ne quitterons Belle-Ile que vers 10h30. Il serait inutile de partir plus tôt, nous sommes tenus par l'horaire des marées et l'heure de la bascule. Trop tôt il serait illusoire de tenter d'entrer dans le Golfe du Morbihan avec le courant contre nous. Nous faisons route vers le continent en compagnie de Bessie Ellen, Iris et Popoff. La Recouvrance vient à notre rencontre, tourne autour de nous, rasant le beaupré et la poupe d'Etoile de France, sans toutefois prendre le moindre risque. Naviguer de conserve de cette façon est très excitant, cela permet de prendre des photos de près dans d'excellentes conditions de lumière. Il fait un temps merveilleux, nous en profitons pour déjeuner sur le pont.

La goélette se présente à l'entrée du Golfe vers 15h. L'entrée dans le Golfe n'est pas une manœuvre simple. Le courant est particulièrement fort, il y a des hauts-fonds et des cailloux, la moindre erreur peut envoyer n'importe quel voilier sur les rochers. Connaissant bien la région, Jean-Yves Béquignon qui commanda l'Etoile entre 1993 et 1995 prend la barre. Le littoral est parsemé de magnifiques demeures construites à seulement quelques mètres du rivage. Depuis le pont de la goélette, le panorama est splendide. Nous avons la chance d'arriver par un ciel de rêve, le Golfe du Morbihan se révèle à nous sous ses plus beaux aspects.

Nous prenons un coffre devant l'Ile aux Moines. Etoile du Roy et Belle-Etoile sont déjà là. En trois rotations de Zodiac, nous sommes à Port Blanc, après avoir salué chaleureusement Sébastien et son équipage, Fred, Antoine, Romain et Valentin.

A terre, Christian m'emmène dans sa jolie maison de Carnac, où il a la gentillesse de m'héberger pendant les trois jours qui vont suivre, me permettant ainsi de profiter du magnifique spectacle offert maintenant tous les deux ans par La Semaine du Golfe.



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