OOSTERSCHELDE goélette à trois mâts (Hollande)
Golfe du Morbihan / Le Havre

24-27 mai 2009


Renouant avec une ancienne tradition, les Amis des Grands Voiliers ont affrété la goélette à trois mâts hollandaise Oosterschelde pour la navigation de retour de la Semaine du Golfe, entre Port Blanc et Le Havre. Cette croisière, initiatique pour certains, n'aura pas manqué de marquer les esprits, en raison bien sûr de l'excellent accueil que nous avait réservé l'équipage, mais aussi des conditions météo particulièrement facétieuses nous faisant passer de la pétole à l'avis de grand frais pour finir avec le crachin normand.


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24 mai 2009 - Port-Blanc

Après avoir dîné dans une petite crêperie de Port Blanc, les Amis des Grands Voiliers embarquent sur Oosterschelde. C'est le capitaine en personne, Sébastien, qui vient nous chercher avec l'annexe. Quatre navettes seront nécessaires pour amener tout le monde à bord. La plupart d'entre nous découvrent le magnifique carré salle à manger de ce très beau voilier. Un pot d'accueil nous attendait ainsi que quelques assiettes de fromage et de charcuterie.

Après le mot de bienvenue et les recommandations d'usage du capitaine, traduites par Christian, l'Oosterschelde lève l'ancre et nous quittons le Golfe du Morbihan vers 21h00. Sébastien veut en effet que nous ayons atteint Ouessant dans la soirée de lundi.

André et Christian ne tardent pas à se mettre au travail. Il faut en effet constituer les équipes qui vont monter les quarts et assurer ainsi la marche du bateau. Il s'agit de répartir au mieux les vingt-trois Amis des Grands Voiliers en trois quarts: quart bleu, quart blanc, quart rouge. Le premier quart commençant à 0h, les changements de quart se feront à 4h, 8h, 14h, et 20h. Au total trois quarts de quatre heures et deux de six heures. Ça paraît compliqué au premier abord, mais ça permet de faire tourner tout le monde et éviter que ce soient les mêmes personnes qui fassent pendant trois jours le quart le plus difficile, le 0h/4h.

Je suis dans le quart blanc, dont André est nommé "chef de quart". Je prendrai donc mon service à 4h.

Le temps est lourd, la mer sans une ride, la lumière plombée nous promet une nuit peu agréable. Il y a peu de vent et l'Oosterschelde avance à la voile et au moteur. L'équipe bleue qui va prendre le premier quart reste sur le pont, les autres vont rejoindre leur bannette.






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25 mai 2009 - En mer / Ouessant

Les équipiers du
quart bleu ne sont pas déçus: encerclés par les éclairs, les tenues de pluie ne suffiront pas pour les garder au sec! Vers 2h00 une vague plus importante que les autres fait fortement gîter le voilier sur tribord, mouvement accompagné d'un grand fracas. Comme un seul homme, ceux qui dormaient se retrouvent dans le carré pour constater que les chaises n'avaient pas été attachées et avaient été renversées par la gîte. Plus de peur que de mal. En quelques minutes, grâce à un astucieux système d'arrimage, les chaises sont fixées.

Pour le quart de 4h-8h, les choses s'arrangent. Il pleut encore un peu, l'orage nous dépasse petit à petit, la mer est assez calme. Le reste de la journée sera sans histoire. Trop calme même selon certains, bien que plusieurs estomacs aient du mal à garder leur contenu. Nous passons le Raz de Sein vers 14h, par une mer inhabituellement calme. Nous arrivons à Ouessant en fin d'après-midi. Quelques-uns en profiteront pour débarquer une heure ou deux à Lampaul. L'une d'entre nous décide de s'arrêter là. La pauvre est de plus en plus sujette au mal de mer et préfère jeter l'éponge.

Après le dîner, on établit le tour de veille. Ou plus exactement, les volontaires s'inscrivent sur une feuille pour une veille d'une heure. La veille n'est pas seulement faite pour s'assurer qu'un intrus ne monte pas à bord. On est au mouillage en plein milieu de la Baie de Lampaul, que faut-il donc craindre? En mer le temps change vite et les prévisions de la météo marine, aussi précise soit-elle, peuvent parfois jouer des tours. Un coup de vent brutal peut faire chasser l'ancre, que le vent tourne et les conditions de mouillage changent complètement. C'est pourquoi il faut prendre des repères, et vérifier régulièrement que rien n'a changé, que tout va bien à bord.

 



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26 mai 2009 - Ouessant / En mer

La nuit a été calme. L'équipe de veille n'a rien eu à signaler. Nous levons l'ancre vers 6h00, car il faut profiter du courant créé par la marée montante pour quitter l'Atlantique et entrer en Manche. Le ciel est totalement dégagé, mais le vent est déjà levé. Nous contournons Ouessant comme il se doit par l'ouest. Dans cette zone, les vagues de l'Atlantique rencontrent celles de la Manche. La mer est totalement désordonnée, avec des creux de 6 à 7 mètres et les 350 tonnes de l'Oosterschelde sont bien peu de chose sous les coups de boutoir des vagues. La météo diffuse à plusieurs reprises des avis de "grand frais", annonçant des vents de force 7 avec rafales à 9 (un peu exagéré sans doute). L'équipage installe des lignes de vie et des filets de sécurité car on pourrait facilement passer par dessus bord. On a pris 2 ris et amené les voiles hautes. Ceci étant, ce sont des conditions fantastiques pour naviguer sur un tel voilier. Avec ses 50 mètres de longueur de coque Oosterschelde n'est pas un petit youyou et la goélette se comporte à merveille.

Une fois entrés en Manche, la situation est plus stable. Nous naviguons bâbord amure. La gîte est à peu près constante. Il n'y a heureusement pas trop de manœuvres à effectuer. Car les voiles de la goélette sont très grandes, donc très lourdes, et les manœuvres sont épuisantes. En revanche, barrer le navire dans ces conditions est un réel plaisir. Le voilier réagit très bien, la barre est précise. On accroche parfois les 12 nœuds. Le ciel est sans nuage, on ne peut rêver mieux! Seul inconvénient pour le barreur qui n'a guère de possibilité de se caler, la gîte qui lui fait prendre une posture de dahut finit par provoquer de réelles brûlures dans les tendons et les mollets!




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27 mai 2009 - En mer/ Le Havre

Le quart de 0 à 4 est splendide. Nous sommes gratifiés d'un ciel étoilé comme je n'en ai peut-être jamais vu. Je passe une bonne partie de mon quartà la barre, et si je cède mon poste à André c'est uniquement en raison des douleurs dont je parle plus haut. Le vent a un peu baissé et la houle a faibli. Le ciel commence à se couvrir lorsque nous passons la main au quart rouge de Jean-Yves au large d'Alderney. Cinq heures plus tard, après un bon repos c'est à nouveau la grisaille. Mais quelle n'est pas ma surprise de constater que nous sommes toujours au large d'Alderney! En fait, le phénomène de la marée descendante crée un tel courant contre nous que le voilier n'a pratiquement pas bougé, malgré sa bonne allure... Au large du Cotentin, le "jus" comme l'on dit peut atteindre 12 nœuds!

Nous avons hélas raté la merveilleuse vision de la goélette naviguant sous fortune carrée. Elle a été établie quelque temps puis enlevée peu avant qu'on ne sorte d'un repos bien mérité.

Les estomacs malades vont mieux. La mer nous chahute moins, les visages reprennent des couleurs.

En vue des côtes, l'inénarrable Martins nous fait amener une voile. Il faut nous y mettre à quatre pour faire descendre la corne et serrer à peu près proprement la voile sur sa bôme. L'opération nous prend une bonne dizaine de minutes. On est éreintés. Puis Martins et un autre gabier nous montrent comment ils font, eux, à deux. En moins de deux minutes, le tour est joué. Et la voile est impeccablement pliée. Époustouflant!

Nous arrivons au Havre à 19h précises. Sans pilote, Sébastien passe l'écluse et vient tout en douceur mettre l'Oosterschelde à quai. Nickel.

Pour le dernier dîner, l'équipage a mis les petits plats dans les grands avec apéro frappé. Anna nous a préparé un menu somptueux auquel Eric fait largement honneur! Et pour terminer dans la joie et la bonne humeur, c'est sur une musique d'ABBA que la soirée disco est lancée!



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